IPC, Indexation, Échelons, Montant fixe : Comment augmenter nos salaires pour notre prochaine négo ?

Nous n’avons rien pour rien dans la vie. C’est parce que nous sommes organisés et que nous luttons que nous avons des augmentations salariales régulières via les négociations de nos conventions collectives.

Il y plusieurs façons d’augmenter nos salaires et certaines nous sont plus favorables que d’autres. La hauteur de nos augmentations est déterminée par plusieurs facteurs : le contexte économique, les volontés de notre employeur (le gouvernement) et la force de notre mobilisation. Il y par contre un autre élément important, soit la façon dont nous formulons nos demandes.

Depuis plusieurs décennies, le mouvement syndical a opéré un glissement dangereux dans les formulations de nos demandes salariales qui répondent davantage à l’intérêt du patronat qu’à celui des travailleurs et travailleuses. Voici trois façons d’y remédier.

Augmentons en fonction de l’IPC plutôt que du PIB

De la fin des années soixante jusqu’au milieu des années 80, nous avions dans nos conventions collectives un mécanisme permettant l’indexation annuelle de nos salaires en fonction de l’augmentation du coût de la vie, basée sur l’Indice des prix à la consommation (IPC).

Par exemple, dans notre convention de 1969-1971, l’article 25.05 mentionne que « L’employeur ajuste les échelles de salaires pour tenir compte de l’augmentation du coût de la vie en prenant comme référence l’indice des prix des statistiques pour la région de Montréal ». Nous délaissons de plus en plus cette idée pour davantage nous référer au PIB. C’est une erreur.

À mesure que nous mettons moins de l’avant l’IPC et que le mécanisme d’indexation dans les conventions collectives s’amenuise ou disparaît, nos salaires cessent de suivre l’augmentation du coût de la vie. Comme nous pouvons le constater à partir de ce tableau produit lors du dernier Front commun :

Source : Dépliant Front commun 2015, Le Conseil du trésor nous offre l’appauvrissement. En octobre 2018, l’inflation a été de 1.7%.

Considérant que cet écart ne cesse de s’agrandir depuis le milieu des années 90, il est plus que nécessaire de le réintroduire dans nos conventions.

Les augmentations en pourcentage creusent les inégalités entre les salariés. Pour un montant fixe !

Depuis maintenant plusieurs rondes de négociations, nous faisons nos demandes salariales en pourcentage. Procéder de cette façon possède deux désavantages. Premièrement, cela creusent les inégalités entre les salariés, alors que la raison d’être du mouvement syndical est de les réduire. Une augmentation de 1,5% lorsque vous gagné 75 000$ est plus intéressant que le même pourcentage sur un salaire de 35 000$. De plus, cela diminue notre rapport de force.

Bien souvent, les professionnels sont satisfaits de leurs augmentations salariales et les acceptent. Pour les bas salariés, c’est différent. Surtout quand l’augmentation est constamment en dessous du coût de la vie. Autrement dit, malgré nos augmentations, nous nous appauvrissons.

Lentement, mais sûrement, cette stratégie a causé un tort important aux bas salariés du secteur public que nous devons maintenant redresser. L’un des moyens pour y arriver est de revenir à une augmentation salariale fixe comme nous l’avons fait lors du Front commun de 1972 avec la « semaine à 100$» et en 1976 avec la « semaine à 165$».

Ce type de revendication répondait réellement aux besoins de ceux et celles qui souffraient le plus de l’augmentation du coût de la vie. Non seulement cette revendication est plus juste, mais a un meilleur potentiel de mobilisation, puisque la revendication est claire. Deux dollars de plus de l’heure c’est beaucoup plus tangible que 5,25% sur 5 ans, par exemple.

Des échelons avant les primes ou des montants forfaitaires

Soyons clairs, toutes les augmentations salariales sont bonnes, mais nous devons prioriser celles qui sont les plus avantageuses. Les primes ne touchent qu’une minorité de personne et nous divisent « Pourquoi lui et pas moi? ». C’est l’objectif du gouvernement de nous diviser. Il ne faut pas tomber dans le piège. De plus, les primes ne sont pas calculées dans notre RREGOP et sont imposables.

Nous devons mettre davantage les échelons de l’avant, en particulier chez les titres d’emploi où il n’y en a qu’un. Cela bénéficie à davantage de personnes et devient un réel gain salarial durable. Par exemple, nous pourrions exiger un échelon de plus pour les travailleurs et travailleuses des hôpitaux universitaires, amplement justifié par la charge de travail et l’expertise supplémentaire que cela nécessite.

Commençons dès maintenant à réfléchir à nos demandes pour la prochaine négociation et à faire les bons choix dès le départ. Revenons à nos revendications traditionnelles. Augmentons nos salaires en fonction de nos intérêts et non pas à ceux du patronat !

Pour une augmentation fixe qui rattrape l’augmentation du coût de la vie des dernières années !
Pour l’indexation annuelle de nos salaires au coût de la vie !

Bruno-Pierre Guillette

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