Lettre des PRDM du CHUM au premier ministre Legault

Montréal, lundi le 16 novembre 2020

Monsieur le Premier Ministre Legault, les préposée-s en retraitement des dispositifs médicaux du CHUM vous implorent!

M. Le Premier Ministre François Legault,

M. Christian Dubé, ministre de la Santé et des services sociaux et

Mme Sonia Lebel, présidente du Conseil du trésor

Toujours essentiels, encore méprisés!

Cher Monsieur Legault,

Nous, préposé-es en retraitement des dispositifs médicaux du CHUM, nous vous faisons parvenir des masques que nous avons fabriqués nous-mêmes. Il s’agit d’un rappel, afin que vous ne nous oubliez pas. En temps de deuxième vague de pandémie, devons-nous vous réitérer l’importance de notre travail dans les unités de retraitement des dispositifs médicaux ? C’est nous qui veillons à la stérilisation et à la décontamination, non seulement des instruments servant aux opérations, mais également des masques et visières réutilisables à l’intention du personnel du CHUM pour assurer leur protection contre la COVID-19.

Soutenez-nous en portant nos masques et en nous reconnaissant à notre juste valeur !

Aurez-vous le courage de porter l’un de nos masques lors de l’un de vos nombreux points de presse concernant l’état de la situation de la COVID-19 au Québec ? Nous sommes des travailleuses et travailleurs essentiels et en première ligne. Mais nous avons l’impression que nous sommes ignorés et méprisés, d’autant plus que les négociations de notre convention collective ne semblent pas être votre priorité. Notre reconnaissance passe par une rémunération juste, une augmentation de salaire en montant fixe, comme demandé par nos représentants à la table de négociation. Cette négociation doit permettre de donner un coup de barre pour améliorer le sort des plus bas salarié-es du secteur public comme nous.

L’unité de retraitement des dispositifs médicaux, un secteur névralgique en constante évolution !

Derrière les murs de ces unités, des travailleuses et travailleurs s’assurent que les processus de décontamination, de désinfection, de stérilisation, d’entreposage et de redistribution des dispositifs médicaux soient adéquatement retraités de façon à permettre leur réutilisation pour des soins aux usagers ainsi que le personnel. Les responsabilités que nous devons assumer, les efforts requis pour le faire et les conditions de travail ont bien changé depuis le début de la décennie. De plus en plus, nous travaillons dans un environnement très technologique. De nouveaux instruments et technologies comme les nouveaux types de scope ou de robotique sont venus s’ajouter dans notre expertise de décontamination et de stérilisation. Ces tâches exigent une grande minutie.

En plus de désinfecter et stériliser, nous devons assembler et inspecter tout dispositif médical d’un hôpital, de la simple paire de ciseaux aux appareils plus complexes (robotique, laparoscopie et scopie). Nous entretenons du matériel extrêmement coûteux. Ce service est essentiel pour tout centre hospitalier. Sans notre travail, les patients seraient à risque de développer des infections de types nosocomiales au virus de la COVID-19. 

Une profession plus spécialisée, du personnel mieux formé mais non reconnu 

Il y a plus de 15 ans, le ministère de la Santé et Services sociaux recommandait une formation collégiale technique en traitement des dispositifs médicaux. Le gouvernement avait invité les préposé-es à la stérilisation à suivre des cours plus spécialisés et techniques en retraitement des dispositifs médicaux. Nous avons été nombreuses et nombreux à répondre à l’appel en suivant les cours du programme de l’AEC (attestation d’études collégiales). On nous avait fait miroiter une reconnaissance accrue avec cette formation de pointe.  Mais le gouvernement n’a pas donné suite, en ne modifiant pas la description et libellé du titre d’emploi et encore moins notre rémunération. Désormais mieux formés, d’anciens préposé-es à la stérilisation, devenus dans la nomenclature comme préposé-es en retraitement des dispositifs médicaux, notre description de tâches ne reflète toujours pas notre réel travail. 

Bien que notre profession ait évolué de manière importante au fil des ans, notre rémunération n’a jamais été ajustée pour refléter l’augmentation de nos tâches et de nos responsabilités. Concrètement aujourd’hui, dans plusieurs établissements, on exige lors des affichages de poste que les personnes qui occupent ces fonctions détiennent cette attestation d’études collégiales. Les employeurs exigent que nous soyons plus spécialisés alors que le gouvernement refuse de nous reconnaître à notre réelle valeur.

Encore plus en temps de pandémie!

Depuis le début de la pandémie, nous traitons également certains équipements de protection individuelle (ÉPI) comme les lunettes de protection, les visières réutilisables et nous devons prendre des précautions additionnelles et nous assurer de la suffisance et la disponibilité de ces ÉPI.  Aussi, plusieurs d’entre nous, au cœur de la pandémie, traitons de l’équipement souillé et potentiellement contaminé au COVID-19, mais ne pouvons avoir accès au masque N-95 et n’avons pas droit à la prime COVID. Il en va de notre santé et de celles de nos camarades et des usagers. Ultimement, c’est nous la différence dans la guerre contre la covid-19 puisque sans stérilisation ni retraitement, il y a risque de contamination croisée et foyer d’éclosion!

Toujours en attente d’un règlement sur nos plaintes de maintien de l’équité salariale 

Des plaintes ont d’ailleurs été déposées en vertu de la Loi sur l’équité salariale à la suite de l’exercice du Conseil du trésor en 2010 ainsi qu’en 2015. Nous sommes majoritairement des femmes à occuper ce titre d’emploi. Cela fait bientôt dix ans que nous sommes en attente du règlement de nos plaintes en maintien de l’équité salariale visant à éliminer la discrimination salariale que nous subissons. Pendant ce temps, votre gouvernement multiplie les recours juridiques pour contrer les effets de la décision de la Cour suprême qui nous avait donné raison afin que nous soyons dédommagés pour tout le travail sous rémunéré.  Nous attendons toujours les résultats pour une réelle équité!

Négociation nationale

Dès le mois de mars, vous avez manifesté un empressement à vouloir régler les négociations. Malheureusement, cela ne s’est jamais concrétisé aux tables de négociation. Alors que nous sommes épuisés et avons l’impression de porter cette pandémie à bout de bras, il est plus que temps de reconnaître notre travail et nous offrir des conditions de travail justes et équitables. Il est plus que temps d’agir M. Legault. Il faut améliorer au plus vite les conditions de travail et les salaires.

D’anges gardiens à anges déchus ! 

Alors que de plus en plus, vous indiquez un danger de rupture dans les soins, nous savons que les problèmes d’ÉPI sont criants et une pénurie de main d’œuvre. Sans préposé-e en retraitement des dispositifs médicaux, il n’y a pas de chirurgie… Combien d’opérations sont reportées pour manque de personnel ; nous sommes déjà en bris de service M. Legault ! Tout le personnel de la santé est au front et bien que nous soyons à bout de souffle, nous tenons coûte que coûte pour la population québécoise. Qu’attendez-vous pour matérialiser vos remerciements aux anges gardiens ? 

Signature des préposé-es en retraitement de dispositifs médicaux du CHUM, membre du SECHUM