Sur le droit d’être accompagné

POINTS D’INFORMATION SUR L’ARTICLE 5.6 DE LA CONVENTION COLLECTIVE NATIONALE (LE DROIT D’ÊTRE ACCOMPAGNÉ)

Il m’est arrivé, depuis presque un an déjà, d’avoir entendu quelques employés dire que l’article 5.6 de la convention collective nationale, qui concerne le droit d’être accompagné, peut être utilisé à tout moment quand un employeur vient nous rencontrer sur notre lieu de travail. Autrement dit, depuis que cet article fait partie de la convention, ceci semble avoir donné l’impression à certains individus qu’un/e employé/e peut maintenant utiliser cet article comme une arme d’autodéfense contre tous les patrons, cadres et gestionnaires qui pourraient, selon eux, utiliser leur autorité de façon abusive et exagérée, bon gré mal gré. Je me dois de mettre en garde ceux et celles qui pensent que cet article peut les sauver à tout moment quand ils se sentent lésés par ces patrons en tant que tel. Voici quelques points importants à retenir.

Pour tout ce qui a trait à des mesures disciplinaires, un grief, ou toute autre intervention concernant votre dossier aux relations de travail, l’agent de griefs sera déjà convoqué par le côté patronal, qui est déjà au courant de votre droit d’être accompagné. Pour les rencontres disciplinaires (avec sanction), au CHUM, c’est les agents de griefs qui sont formés pour intervenir auprès de l’employeur et non les délégués syndicaux.

Si la rencontre est non disciplinaire, le délégué peut être témoin à condition que l’employeur soit d’accord. Dans ce cas, il pourra prendre des notes qu’il apportera ensuite au bureau syndical et les agents de griefs pourront donc faire un suivi du dit dossier. Cela peut également être faire lors des rencontres d’équipes avec tout le département.

Pour les rencontres privées sans sanctions disciplinaires, l’employeur a le droit de vous voir sans témoin. Si cela advient, dites-vous que quel que soit ce que le patron vous reprochera pourra être inclus dans votre dossier disciplinaire et il pourra donc être utilisé contre vous dans de futurs instances. Ce qui rendra votre défense plus difficile. Faites comme lui, prenez des notes! Rester silencieux et acquiescez à ses remarques et ses demandes dans l’immédiat pour ne pas être accusé d’insubordination. Ensuite, aussitôt qu’il sera parti, prenez note de tout l’événement (dans tous les détails possibles, soit la date, l’heure, le lieu, la durée du temps, les choses dites, les reproches et les demandes, le ton sur lequel il vous a parlé, les témoins s’il y a lieu, etc.) et emmenez ces faits aux agents de griefs au bureau syndical.

C’est la façon la plus efficace de régler les problèmes et conflits avec un patron qui ne semble pas vouloir faire preuve d’écoute ou de raisonnement diplomate face à vous. En faisant ainsi, vous vous gardez dans une situation sécuritaire sans vous causer de problèmes. Mais en plus, en notant les faits et les apportant à votre équipe syndicale, vous emmenez à ceux qui sont formés pour vous défendre dans ces situations tous les outils qu’ils ont besoin pour ce faire.

« Ça ne donnera rien », me direz-vous? « On l’a déjà fait », me direz-vous? Hé bien je vous dirai qu’il faut toujours essayer et même réessayer, et ce, pour la simple raison que parfois, même si sur le moment même, cela semble prendre du temps avant qu’un grief ou un dossier soit réglé, il faut persister. Le fait d’étoffer un dossier va toujours à votre avantage et non à celui du patron fautif, s’il y a lieu. Comme dit le proverbe « petit train va loin », donc il faut tout simplement persister et être patient.

Effectivement, durant ce temps de patience, il est aussi important de marcher droit le plus possible et de ne présenter aucune faille dans votre comportement, ni dans votre qualité de travail ou votre assiduité, car le dit patron fautif pourrait vouloir s’en prendre à vous d’un moyen détourné en ayant cherché des points négatifs (ou tout simplement, des « bibittes » sur vous) et tenter de salir votre dossier. Ne lui donnez aucune munition pour qu’il puisse vous atteindre, car votre dossier d’employé en dépendra.

Croyez-moi, je parle ici par mon expérience, ainsi que celle de notre équipe syndicale, et ces conseils se veulent remplis d’empathie et de compassion face à vous tous et toutes. Nous avons le souci de vous et de vos emplois et cela ne changera pas de sitôt. Ainsi, je vous invite donc à prendre conscience de ces conseils et de vous en servir à bon escient!

Syndicalement et sincèrement,

Marc Leroux, délégué hygiène et salubrité.