Récupérer n’est pas voler !

Le Journal de Montréal titrait le 25 juillet dernier « Une préposée congédiée pour un vol… de crème glacée». Vous avez bien lu. Ce n’est pas la seule, des dizaines d’employés ont été congédiés ou reçus des sanctions sévères pour des infractions de cet ordre. Ce qui est le plus révoltant dans le cas présent, c’est qu’il n’y a eu clairement aucun vol !

Tous les départements récupèrent les surplus alimentaires hermétiquement fermés, plutôt que de les jeter (lait, Boost, Ensure, crème glacée, jus, beurre d’arachide, sucre, etc).

Quand le frigidaire est vide dans un département, il n’est pas rare que les PAB aillent dans l’autre département pour aller chercher ce dont a besoin le patient, que ce soit un sachet de sucre ou un contenant de crème glacée…

Ne pas jeter ce qui peut servir et le donner aux patients n’est pas un «vol» ! C’est donc pour cela que la travailleuse «n’a manifesté aucun regret», comme le mentionne l’article, puisqu’elle n’a rien à se reprocher.

Le système fonctionne pour les riches, pas pour les travailleurs.euses

Pour les syndicats locaux, aller en arbitrage coûte cher. Quand nous y allons, c’est parce que nous avons raison et les preuves pour le démontrer. C’est rarement suffisant malgré tout. Pourquoi ?

Pour la simple et bonne raison que l’employeur a toujours les meilleurs avocats. De plus, les juges et les boss sont du même milieu. Ils ont souvent un préjugé favorable pour les «cravates», comme eux, plutôt que pour le langage un peu coloré de la classe ouvrière.

Tout cela se passe dans un milieu de travail syndiqué. Imaginez les endroits où les travailleurs.euses ne peuvent pas s’organiser ?

«Qui vole un œuf vole un bœuf» ?

Nous ne contestons pas que, tout délit mérite une sanction appropriée, mais nous dénonçons fortement le deux poids deux mesures ! Si l’adage «qui vole un œuf vole un bœuf» doit s’appliquer, pourquoi c’est toujours ceux qui volent un œuf qui sont punis et rarement ceux qui volent un bœuf ?

Le SECHUM, au fil des années, a été témoin de plusieurs vols ou surfacturation fait par les «grosses pommes» de ce monde, sans jamais recevoir la moindre petite claque sur les doigts. Parfois nous avons été obligés de nous taire, faute de preuves solides, mais à d’autres moments nous l’avons publiquement dénoncé, sans suite…

Cette situation s’applique à la société en générale. Les p’tits voleurs de dépanneurs vont aller en prison, alors que ceux qui détournent des centaines de millions voire des milliards s’en tirent à bon compte. Et ça, c’est quand ils n’ont pas réussies à soutirer des subventions gouvernementales…

C’est ça la «justice» pour le monde du travail !

Il est temps que ça change, mais pour ça les travailleurs.euses doivent s’organiser, sortir de l’apathie, du cynisme et agir.