Stoppons l’appauvrissement des bas salariés maintenant !

Minimum 5$/H la première année!
Rien en bas du coût de la vie pour les années suivantes!

La plus grande pénurie qu’on a au Québec, c’est des emplois payants, à 25 ou 30$ par heure. – François Legault, La Tribune, 28 août 2018.

Lors du conseil fédéral de la FSSS au début du mois de février 2019, le Syndicat des employé.es du CHUM (SECHUM-CSN) a proposé d’intégrer l’idée du montant fixe et de l’indexation des salaires au coût de la vie dans les demandes de la table centrale. L’indexation a été intégrée, mais le montant fixe a été laisser sur table.

Qu’est-ce que le montant fixe ?
Il s’agit d’augmenter nos salaires en argent sonnant ($) plutôt qu’en pourcentage (%). C’était notre revendication en 1972 avec la «semaine à 100$» et en 1976 avec la «semaine à 165$». Nous avons gagné les deux.

Pourquoi prôner le montant fixe ($) plutôt que le pourcentage (%)?
Les augmentations en pourcentage sont inégalitaires et creusent des écarts salariaux importants entre les différents titres d’emplois. Une augmentation de salaire de 1.5% pour un salaire annuel de 40 000$ correspond à une augmentation de 600 $. Pour un salaire de 80 000 $, le même 1,5% d’augmentation devient 1200$. Le double ! Une des missions du mouvement syndical est la réduction des inégalités sociales, non ?

Vous proposez quoi comme montant fixe ?
Nous ne voulons rien en bas de 5$/H la première année pour tout le monde. Ne pas demander une augmentation importante la première année pour les bas salariés c’est, encore une fois, refuser de lutter contre l’appauvrissement des bas salariés.

Pourquoi ne pas réclamer une augmentation en pourcentage variable ? Par exemple 20% pour les bas salariées et 5% pour les hauts salariées ?
Qui va tracer la limite entre un haut ou un bas salarié ? Entre la personne qui va avoir 20% et l’autre 5% ? Cela risque de créer plus de bisbille qu’autre chose et laisse la porte ouverte au gouvernement pour quand même proposer une même augmentation salariale en pourcentage (%) pour tout le monde.

L’indexation des salaires au cout de la vie, ce n’est pas suffisant ?
Non, l’intégration de l’indexation automatique des salaires au coût de la vie va nous permettre de ne pas nous appauvrir davantage, mais pour combler l’écart existant nous devons augmenter de façon importante les salaires des bas salariés la première année. Uniquement demander l’indexation ne règle pas le problème de l’appauvrissement des bas salariés. L’augmentation du coût de la vie impacte doublement les bas salariés et fait en sorte que nous nous appauvrissons, malgré les augmentations salariales. C’est une des causes qui explique que «les augmentations de salaire n’ont pas suivi l’inflation pendant des décennies» pour la majorité [1].

Qui sont les bas salariés dans le système de santé public ?
La majorité des membres de la catégorie 2 et 3 sont des bas salariés et gagnent moins de 25$/H. Par exemple, les trois secteurs les plus importants en nombre au CHUM sont :
Catégorie 3: les agentes administrative classe 3 (21.55$, dernier échelon).
Catégorie 2: Préposés aux bénéficiaires (22.35$, dernier échelon)
Préposés à l’entretien ménager (19.69$, un seul échelon).

Moins nombreux, mais qui représentent des départements importants dans le milieu hospitalier:
Assistant technique senior en pharmacie : 23.22$ (dernier échelon)

  • Préposé à la stérilisation : 21,55$ (dernier échelon)
  • Préposé au service alimentaire 19.69$, (aucun échelon)
  • Préposé à la centrale des messagers 19.70$ (dernier échelon)
  • Magasiniers 22.35 $ (dernier échelon)

Legault ne va jamais nous donner ça !
François Legault n’a-t-il pas lui-même dit «qu’il faut faire de la création d’emplois payants une obsession» [Le Soleil, 9 juillet 2012] et «Quand on me dit que le plus grand défi économique est la pénurie d’employés, je ne suis pas d’accord. La plus grande pénurie qu’on a au Québec, c’est des emplois payants, à 25 ou 30$ par heure.» (La Tribune, 28 août 2018).

Même les banquiers commencent à défendre la nécessité d’augmenter les salaires de la majorité ! Mathieu d’Anjou, économiste en chef adjoint à la banque Desjardins déclarait au début du mois d’avril «la faible progression des revenus des ménages risque de limiter la croissance» [2].

Si nous n’allons pas chercher gros dans un contexte économique favorable et avec plus de 4 milliards de surplus dans les coffres de l’État…aussi bien mettre la clé dans la porte du mouvement syndical ! Comme le dit l’adage, «qui ne risque rien n’a rien».

Pour une augmentation salariale juste pour la majorité, il nous faut :
Au moins 5$/H la première année
Rien en bas du coût de la vie pour les années suivantes!
Stoppons l’appauvrissement des bas salariés maintenant !

Sources :
[1] FSSS, Cadre stratégique pour la négociation sectorielle 2020, Février 2019, p.9.
[2] Mathieu D’Anjou, CFA, économiste en chef adjoint, Desjardins, Études économiques, 2 avril 2019.
[3] SECHUM, IPC, Indexation, Échelons, Montant fixe : Comment augmenter nos salaires pour notre prochaine négo ?, 17 décembre 2018, sechum.org.