Montant fixe (questions/réponses)

Au printemps, sous la pression de sa basse, la CSN a renouée avec une revendication historique du mouvement syndical au Québec: le montant fixe. Malheureusement les directions des autres centrales sont contre l’idée. Les membres des autres centrales devront donc être prêt à défendre le montant fixe dans leurs instances. Voici un FAQ pour les aider.

Qu’est-ce que le montant fixe ?

Il s’agit d’augmenter nos salaires en argent sonnant ($) plutôt qu’en pourcentage (%). C’était notre revendication en 1972 avec la « semaine à 100$ » et en 1976 avec la « semaine à 165$ ». Nous avons gagné les deux.

Pourquoi prôner le montant fixe ($) plutôt que le pourcentage (%)?

Les augmentations en pourcentage sont inégalitaires et creusent des écarts salariaux importants entre les différents titres d’emplois. Une augmentation de salaire de 1.5% pour un salaire annuel de 40 000$ correspond à une augmentation de 600$. Pour un salaire de 80 000$, le même 1,5% d’augmentation devient 1200$. Le double ! Cela veut dire qu’à chaque fois le gros de la masse salariale du gouvernement favorise les mêmes titres d’emploi au détriment des autres.

Depuis 2003, l’inflation a été de 32.9% [1] et le salaire des travailleurs.euses des services publics a augmenté de 23,44% [2]. L’augmentation du coût de la vie impacte doublement les bas salariés, c’est pourquoi nous voulons une augmentation fixe d’au moins 3$/H la première année pour tout le monde. Vouloir stopper notre appauvrissement, nous croyons que cela n’est pas trop demandé.

Pourquoi ne pas réclamer une augmentation en pourcentage variable ? Par exemple 20% pour les bas salariés et 5% pour les hauts salariés ?

Qui va tracer la limite entre un haut ou un bas salarié ? Entre la personne qui va avoir 20% et l’autre 5% ? Cela risque de créer plus de bisbille qu’autre chose et laisse la porte ouverte au gouvernement pour quand même proposer une même augmentation salariale en pourcentage (%) pour tout le monde.

Comment le montant fixe s’applique si je ne suis pas payé à l’heure?

Il ne suffit que de trouver le montant équivalent par semaine ou par mois selon le montant que vous recevez.

Une augmentation égale pour tout le monde ne brime-t-elle pas la « la reconnaissance salariale liée à l’évaluation » ?

Personne ne conteste que les titres d’emploi qui nécessitent, par exemple, un DEC, n’aient pas le même salaire qu’un titre d’emploi qui n’en nécessite pas. Par contre, la « reconnaissance liée à l’évaluation » est déjà reconnue par le salaire à l’embauche et les échelons par la suite.

Pour la prochaine négociation, nous ne devrions pas miser davantage sur les conditions de travail ?

Oui, l’une des causes importantes de la dégradation de nos conditions de travail c’est la pénurie de personnel. Nous avons un problème important d’attraction et de rétention de main d’œuvre. Il y a plusieurs mesures possibles à mettre de l’avant pour faciliter la conciliation travail-famille-étude par exemple, mais de bons salaires demeurent le meilleur moyen pour attirer et retenir la main d’œuvre.

Qui sont les bas salariés dans le système de santé public ?

La majorité des membres de la catégorie 2 et 3 sont des bas salariés et gagnent moins de 25$/H. Par exemple, les trois secteurs les plus importants en nombre au CHUM sont : 
Catégorie 3: les agentes administrative classe 3 (21.55$, dernier échelon). 
Catégorie 2: Préposés aux bénéficiaires (22.35$, dernier échelon) et Préposés à l’entretien ménager (19.69$, un seul échelon).

Moins nombreux, mais qui représentent des départements importants dans le milieu hospitalier:

  • Assistant technique senior en pharmacie : 23.22$ (dernier échelon)
  • Préposé à la stérilisation : 21,55$ (dernier échelon)
  • Préposé au service alimentaire 19.69$, (aucun échelon)
  • Préposé à la centrale des messagers 19.70$ (dernier échelon)
  • Magasiniers 22.35 $ (dernier échelon)

Legault ne va jamais nous donner ça !

François Legault n’a-t-il pas lui-même dit «qu’il faut faire de la création d’emplois payants une obsession» [Le Soleil, 9 juillet 2012] et «Quand on me dit que le plus grand défi économique est la pénurie d’employés, je ne suis pas d’accord. La plus grande pénurie qu’on a au Québec, c’est des emplois payants, à 25 ou 30$ par heure.» (La Tribune, 28 août 2018). Même les banquiers commencent à défendre la nécessité d’augmenter les salaires de la majorité ! Mathieu d’Anjou, économiste en chef adjoint à la banque Desjardins déclarait au début du mois d’avril «la faible progression des revenus des ménages risque de limiter la croissance» [3].

Barrette a également dit «les déclarations du premier ministre Legault sur les emplois payants ou sur le retard salarial de la fonction publique québécoise, combinées aux surplus budgétaires, placent les syndicats dans une position « idéale » [4].

Si nous n’allons pas chercher gros dans un contexte économique favorable et avec plus de 8 milliards de surplus dans les coffres de l’État…aussi bien mettre la clé dans la porte du mouvement syndical! Comme le dit l’adage, « qui ne risque rien n’a rien ».

Pour une augmentation salariale juste pour tout le monde, il nous faut : 3$/H la première année
Rien en bas du coût de la vie pour les années suivantes!

L’unique moyen pour stopper l’appauvrissement des bas salariés dans les services publics est de réclamer des augmentations salariales en montant fixe.

Nous vous encourageons à défendre ce point de vue dans vos instances.
Si vous avez des questions ou vous voulez recevoir de l’aide pour faire passer cette revendications dans vos instances :

Syndicat des employé.es du CHUM (SECHUM)
514-890-8000, poste 34297
ou par courriel: vp.mobeduc@sechum.org

TRACT

VIDÉO

Sources :

[1] Banque du Canada, calcul de l’inflation.
[2] Augmentations fixes dans le secteur public: Pourquoi les directions syndicales sont contre les bas salarié.es ? : L’exemple de la CSQ.
[3] Mathieu D’Anjou, CFA, économiste en chef adjoint, Desjardins, Études économiques, 2 avril 2019.
[4] Salaires dans la fonction publique : la CSN prend Legault au mot, Radio-Canada, 17 mai 2019.
[5] Surplus de près de 8 milliards à Québec, 21 juin 2019, Radio-Canada.