Une AA3 se vide le cœur ! (Entrevue avec une agente administrative)

«J’adore mon travail et ça me fait de la peine d’être rendu au point de semi m’en foutre pour arriver à ne pas devenir dingue.»

Pourquoi trouves-tu important de parler de tes conditions de travail et de ton titre d’emploi en particulier ?

J’ai l’impression qu’au sein de l’hôpital et du réseau de la santé au complet, il y a beaucoup de métiers qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur. J’ai vraiment le sentiment qu’il y a des gens “plus haut” qui pensent que notre travail est facile, simple, qui pensent qu’on peut faire énormément de travail avec presque pas de ressources. Présentement, nous avons pas mal la langue à terre. Il y a zéro statistique de montée pour le travail d’administration. Personne n’est vraiment au courant de notre charge de travail.

Quelle est la différence entre le nouveau CHUM et l’hôpital où tu étais avant ?

C’est la continuité, mais en pire. La charge de travail a explosé ; les appels de la part des patients et les appels de la part des autres départements.
Il y a beaucoup de choses que les gens “plus haut” ne semblent pas considérer et pensent qu’on ne fait que donner des rendez-vous. Juste donner un rendez-vous… ce n’est pas «juste» donner un rendez-vous. Il y a plusieurs choses à faire, il faut en tenir compte.

On doit répondre à une ligne externe pour les patients et on a une ligne interne et pendant qu’on prend l’appel d’un patient, il y a trois messages qui entrent sur la boîte vocale, mais on n’a pas juste ça à faire, on a les rendez-vous à donner. On doit vérifier les programmes des autres jours pour vérifier qu’il n’y ait pas d’incohérence et que ça va bien aller avec les technologues.

Selon moi, les agents administratifs, c’est le secteur le plus exploité dans l’hôpital ? Est-ce que tu es d’accord avec ça ?

Le temps supplémentaire ne nous est pas vraiment accordé. Il faut donc que je fasse mon 200% à tous les jours pour y arriver. Je ne peux pas soutenir ce rythme-là tous les jours. C’est là que je pense qu’on est exploité et cela découle d’un manque de statistiques et d’intérêt pour notre métier qui provient aussi d’un certain préjugé. Moi je n’ai pas fait trois ans d’études au cégep, je n’ai pas fait d’université, mais câline, mon travail est important et j’ai besoin qu’il soit valorisé.
Ce que ça me donne comme impression… tsé le cliché du fonctionnaire qui s’en sacre ? Ils nous poussent à devenir comme ça.

Comment tu l’expliques ?

On a tous notre rythme de travail, nos façons de travailler, nos préoccupations et on est tous un peu seuls avec nous-mêmes.

Vous êtes isolés…

Exactement, et personnellement, j’ai vu des têtes rouler pour pas grand-chose. Il y a ça aussi. Des gens qui ont été rencontrés parce qu’ils étaient trop accotés vers l’arrière sur leurs chaises, des gens qui sont partis parce qu’ils n’avaient pas été bien formés, parce qu’on n’a pas le temps de former les gens comme il faut.
C’est pour ça que je te dis qu’on n’est pas solidaire les uns des autres, on n’a même pas le temps de former une autre personne. Quand on termine notre journée, on n’a pas envie d’aller prendre un café pour se dire comment on va fighter ça, non, on veut juste s’en aller chez nous. On est tellement brulé. On n’a même pas le temps de se dire : “On se met ensemble là ça n’a pas de bon ça…”

Nous, notre combat, ça va être d’amener des faits. C’est une bonne façon de faire le combat, mais si je suis toute seule à le faire… Il faudrait que je voie avec mes collègues, est-ce qu’ils sont prêts à le faire ? Il faut que ça démarre quelque part, ça n’a juste pas de bon sens.

Tu veux ajouter quelque chose en terminant?

Je veux juste dire que malgré tout, j’adore mon travail et ça me fait de la peine d’être rendu au point de semi m’en foutre pour arriver à ne pas devenir dingue.

Entrevue réalisée en juin 2018 avec une AA3 du nouveau CHUM qui tenait à conserver l’anonymat.

 

Mardi 30 octobre 2018

Rencontres spéciales pour le personnel administratif
(agentes administratives et secrétaires médicales

Le PDG veut vous entendre !

Vous avez quelque chose à dire sur vos conditions de travail et
l’organisation du travail? C’est un bon moment pour le faire!

Mardi 30 octobre 2018
de 12 h à 13 h à l’Amphithéâtre du CRCHUM
de 15 h à 16 h au D02.4021 (cafétéria)
Venez en grand nombre !

*Vous n’êtes pas en pause durant ces moments ? Appelez-nous au bureau syndical (#34297) pour déterminer le meilleur moment pour vous.